L'alcoolisme en Russie


« En Rus', nous avons la joie de boire, sans cela nous ne pourrions être ». Voilà une phrase prétendument prononcée en 988 par Vladimir Ier de Russie, comme argument pour refuser de convertir son peuple à l’Islam. En effet selon une célèbre anecdote tirée des Chroniques des temps passés, le souverain russe du Xe siècle hésite alors entre différentes religions monothéistes pour son royaume (catholicisme, christianisme orthodoxe, judaïsme et Islam). Afin de faire le meilleur choix, il envoie des émissaires dans chaque région puis écoute leurs compte-rendus. Vladimir aurait alors répliqué cette phrase au représentant de la religion musulmane qui venait de lui expliquer les conditions à respecter en cas de conversion, notamment celle de ne pas boire d’alcool. Voilà donc la raison du choix du christianisme orthodoxe par le souverain russe. Bien que la véracité historique de cette anecdote soit loin d’être vérifiée, son existence révèle que, dès le XIIe siècle, au moment où ont été rédigées les Chroniques des temps passés, la consommation d’alcool était déjà vue comme étant une composante essentielle de l’identité et de la culture russe. Cette idée est aujourd’hui encore particulièrement tenace, et quiconque se verrait confier la tâche de jouer le cliché du russe se retrouverait aussitôt avec une bouteille de vodka à la main. Mais cette représentation se vérifie-t-elle dans la réalité ? Les Russes sont-ils réellement des alcooliques en puissance, ou bien cette vision n’est-elle qu’un préjugé sans fondement ?